Le Danemark inverse la direction des flux d’une plate-forme pétrolière pour le stockage du carbone en vrac
Le Danemark inverse la direction des flux d’une plate-forme pétrolière pour le stockage du carbone en vrac

Le projet Greensands permettra de capturer et de liquéfier les émissions industrielles de carbone, puis d’expédier ce carbone en mer et de le pomper (pousser) dans d’anciens champs pétrolifères pour les recharger.
Le Danemark va de l’avant avec le projet Greensands, une initiative qui permettra d’acheminer d’énormes quantités de carbone capturé vers une plate-forme pétrolière en mer du Nord, puis de le pomper pour le séquestrer dans les formations de grès qui contenaient autrefois du pétrole et du gaz.
Après avoir obtenu en décembre dernier la subvention la plus importante de l’histoire du Danemark – quelque 26 millions d’euros – le chef de file du projet, Ineos Energy, a fait appel au cabinet d’ingénieurs-conseils britannique Kent pour « mener des études de sélection couvrant la chaîne de valeur du CSC(Carbon Capture and Storage) , depuis les sites de capture à terre jusqu’à la liquéfaction, au stockage à terre, au transport et à la séquestration en mer ».
C’est un projet remarquable, c’est certain. Greensands va réaménager la plate-forme pétrolière Nini A, située à quelque 200 km au large du Danemark, en mer du Nord, en inversant son flux précédent pour pomper du CO2 liquéfié à quelque 1 800 m sous le fond de la mer. C’est là qu’il commencera à remplir le réservoir de grès du Paléocène connu sous le nom de champ Siri, qui a bien réussi à contenir du pétrole et du gaz au cours des 20 derniers millions d’années et qui a été identifié comme un excellent endroit pour la séquestration du carbone.

La plateforme pétrolière Nini 2, en mer du Nord, fonctionne désormais à l’envers, pompant du CO2 dans un réservoir de pétrole largement épuisé situé en dessous.
Le Danemark prévoit de commencer à séquestrer le carbone à un rythme de 1,5 million de tonnes par an d’ici 2025, puis de 8 millions de tonnes par an d’ici 2030. Ce dernier chiffre représente plus de 13 % des émissions actuelles connues du pays. Jusqu’à ce que le transport maritime neutre en carbone soit mis en place, cette partie du processus restera sale.
Le site web du projet affirme qu’il y a assez d’espace dans ce réservoir unique pour stocker tout le carbone que le Danemark a créé dans son histoire, et même plus. En effet, le sous-sol danois recèle un potentiel de séquestration suffisant pour stocker l’équivalent de 500 ans d’émissions au rythme actuel.
Pourquoi aller si loin en mer et se donner la peine d’envoyer des pétroliers faire des allers-retours de 400 km toute la journée ? Sans doute parce qu’il y a déjà un bon gros trou, des tuyaux et une plate-forme pétrolière prêts à l’emploi.