Des scientifiques transforment la soie en du cuir imprimable en 3D et recyclable
Des scientifiques transforment la soie en du cuir imprimable en 3D et recyclable

Un sac à main fabriqué à partir du nouveau cuir de soie
Aussi utile que soit le cuir, le faire pousser sur le dos des vaches n’est pas le moyen le plus écologique de l’obtenir. Aujourd’hui, des ingénieurs de l’université Tufts aux Etats-Unis ont créé un nouveau matériau semblable au cuir à partir de la soie, qui peut être imprimé en 3D et facilement recyclé dans de nouveaux produits si nécessaire.
Le cuir est largement utilisé depuis des milliers d’années, grâce à sa polyvalence et à sa durabilité, mais la production de masse moderne signifie qu’il a une empreinte environnementale assez importante. Les élevages bovins occupent d’immenses étendues de terre et drainent beaucoup d’eau, tandis que les animaux eux-mêmes rejettent des quantités massives de méthane dans l’atmosphère. Sans compter les produits chimiques agressifs utilisés pour le traitement du matériau.
Des alternatives de cuir plus vertes et plus propres sont en cours de développement, à partir de produits comme les champignons. Et maintenant, des chercheurs de Tufts ont montré que la soie pourrait être un concurrent.
La soie et le cuir semblent être des matériaux assez éloignés, mais l’équipe de l’université Tufts a mis au point une nouvelle façon de traiter la soie pour la rendre plus résistante, plus ferme et plus durable, tout en conservant sa flexibilité et sa polyvalence. Mieux encore, le processus ne nécessite que des produits chimiques légers et peut être réalisé à température ambiante, tout en conservant la moindre empreinte environnementale de la soie.
Les scientifiques partent de fibres de soie ordinaires, prélevées sur des cocons de vers à soie. Ces fibres sont mélangées dans une bouillie, où elles sont décomposées en leurs composants protéiques d’origine. La fibroïne de soie est ensuite combinée à un plastifiant et à un épaississant à base de gomme végétale, et le matériau obtenu peut être imprimé en 3D, tout comme les araignées ou les vers l’extraient de leurs glandes.
Pour renforcer davantage le matériau, l’équipe a d’abord déposé une couche de base de chitosan (le matériau qui donne aux mollusques leur exosquelette résistant), mélangé à un plastifiant et à un colorant.
Selon l’équipe, le matériau obtenu présente des propriétés similaires à celles du cuir ordinaire. Il peut être plié, percé, étiré et cousu pour former des vêtements et des accessoires normalement fabriqués en cuir. La méthode de production par impression 3D peut également être modifiée pour créer des motifs et des textures afin de changer sa fonction, son aspect et/ou son toucher.
« Notre travail est centré sur l’utilisation de matériaux d’origine naturelle qui minimisent l’utilisation de produits chimiques toxiques tout en maintenant la performance des matériaux, de manière à fournir des alternatives aux produits qui sont couramment et largement utilisés aujourd’hui », explique Fiorenzo Omenetto, auteur correspondant de l’étude. « En utilisant la soie, ainsi que la cellulose issue de déchets textiles et agricoles et le chitosan issu de déchets de crustacés, et tous les produits chimiques relativement doux utilisés pour les combiner, nous progressons vers cet objectif. »
Pour rendre le matériau encore plus durable, l’équipe affirme que le cuir dérivé de la soie peut être recyclé facilement. Une fois qu’un produit a atteint la fin de sa vie utile, le matériau peut être redissous dans la bouillie soyeuse, et transformé en un tout nouveau produit en soie-cuir. Même s’il finit à la décharge, le matériau est biodégradable.
L’équipe indique que les travaux futurs consisteront à tester d’autres méthodes de production du matériau et à mieux comparer sa performance à celle du cuir d’origine animale.
https://now.tufts.edu/news-releases/tufts-silklab-creates-leather-material-silk-proteins