Des scientifiques produisent des feuilles continues de cuir de champignon durable
Des scientifiques produisent des feuilles continues de cuir de champignon durable

Échantillons de feuilles de cuir de mycélium produites au centre de recherche finlandais VTT
La production de cuir à partir de peau animale est une pratique à laquelle l’homme s’adonne depuis des milliers d’années, mais les conséquences environnementales des techniques de traitement modernes ont conduit certains à rechercher une alternative plus écologique. Parmi eux, des scientifiques du centre de recherche technique VTT de Finlande, qui ont mis au point un cuir alternatif fabriqué à partir de champignons, ont démontré qu’il était possible de produire des feuilles continues de cuir à l’échelle commerciale.
La production conventionnelle de cuir a une lourde charge environnementale, qui commence par les terres, l’eau et l’énergie associées à l’élevage de masse. Mais le traitement du cuir a également un impact, car il nécessite de grandes quantités de produits chimiques toxiques. Le cuir dit « végétalien », qui est fabriqué à partir de matériaux synthétiques, évite les problèmes liés aux produits d’origine animale, mais sa transformation nécessite également des produits chimiques toxiques et sa biodégradation prend beaucoup de temps. Il présente donc les mêmes risques pour l’environnement.
Les chercheurs du VTT ont mis au point une alternative qui, selon eux, permet d’éviter complètement ces problèmes. L’approche repose sur des réseaux de matériaux organiques appelés mycélium, qui s’étendent sous le sol et soutiennent les champignons pendant leur croissance. L’utilisation de cette biomasse pour produire des textiles et des tissus est pratiquée depuis des siècles, mais grâce à ses expériences, l’équipe VTT a affiné ces processus pour produire un matériau ressemblant à une peau, avec un toucher et une résistance similaires à ceux du cuir véritable.

Le cuir à base de mycélium du VTT
« Ce matériau a l’aspect et le toucher du cuir et peut être aussi résistant que le cuir animal », explique Géza Szilvay, scientifique principal au VTT. « Il offre également la possibilité d’être coloré et de présenter des motifs, et il ne contient aucun matériau de support. »

Les scientifiques ont révélé leur processus pour la première fois en 2019, mais ont noté qu’un goulot d’étranglement subsistait lorsqu’il s’agissait de le mettre à l’échelle pour une production de style industriel. Cela provenait des limites de la culture du mycélium, qui ne pouvait se faire que sous une forme plane et bidimensionnelle. Les chercheurs ont maintenant mis au point une nouvelle technologie en attente de brevet qui, selon eux, élimine ce goulot d’étranglement en s’appuyant sur la fermentation liquide dans des bioréacteurs courants pour atteindre des niveaux commerciaux.

Des chercheurs finlandais ont mis au point une technique de fabrication qui permet de produire des feuilles de cuir de mycélium à l’échelle.
Cette nouvelle technique permet aux scientifiques de produire du cuir de mycélium à grande échelle, en déroulant des feuilles continues à une vitesse d’un mètre par minute. Les scientifiques affirment que cette méthode peut être adaptée aux méthodes de production industrielle de type « roll-to-roll ». Ils étudient actuellement des applications telles que les chaussures, les accessoires et les vêtements.