Au cours des deux dernières années, un groupe dirigé par Stanford a étudié les développements de la recherche en intelligence artificielle afin de suivre les tendances dans le domaine en évolution rapide. Dans son deuxième rapport sur l’index d’IA, publié le 12 décembre, le groupe a signalé que le domaine a de plus en plus concentré son attention sur le traitement du langage – comment l’IA apprend et comprend les langues humaines – et a élargi sa portée mondiale. Le groupe a également pris le premier instantané de la diversité de l’intelligence artificielle en vue de suivre l’évolution de ces paramètres dans le temps.

Cette information aide les investisseurs et les organismes gouvernementaux à déterminer comment allouer les ressources et fournit des mises à jour pour les personnes dont la vie sera affectée par les nouveaux développements de l’IA. Le rapport a été lancé par AI100, une collaboration de chercheurs qui ont estimé qu’il était important de suivre les progrès dans ce domaine. Il est maintenant supervisé par Yoav Shoham, professeur émérite d’informatique, dans le cadre de l’Human-Centered AI Initiative de Stanford.

« Nous essayons d’éclairer la conversation sur l’intelligence artificielle à l’aide de données concrètes « , a déclaré Yoav Shoham.

Apprendre la langue

Parce que la plupart des informations existent sous forme de texte sur Internet, les informaticiens ont essayé d’améliorer la capacité de l’intelligence artificielle à comprendre et à traiter les langues écrites. « Il y a des tonnes d’occasions de comprendre ce trésor d’informations « , précise Yoav Shoham.

L’apprentissage des subtilités des langues humaines est difficile, même pour les enfants humains et les locuteurs non natifs, mais c’est particulièrement difficile pour l’IA.

Les scientifiques ont déjà enseigné aux ordinateurs comment faire des tâches simples, comme traduire une langue dans une autre ou chercher des mots-clés. L’intelligence artificielle s’est améliorée pour résoudre ces problèmes étroits.

Mais maintenant, les scientifiques s’attaquent à des problèmes plus difficiles, comme la construction d’algorithmes d’intelligence artificielle qui peuvent rassembler des fragments d’information pour donner une réponse cohérente à des questions plus complexes et nuancées.

« La langue est la frontière ultime de la recherche sur l’intelligence artificielle parce qu’on peut exprimer n’importe quelle pensée ou idée dans la langue « , lance Yoav Shoham. « C’est aussi riche que la pensée humaine. »

L’intérêt pour la recherche sur l’IA se répand également dans le monde entier, en particulier en Chine où le nombre d’étudiants inscrits aux cours d’introduction à l’IA et à l’apprentissage machine a été multiplié par 16 à l’Université Tsinghua à Beijing.

Compte tenu de l’intérêt international accru pour l’IA, l’équipe espère inclure davantage de mesures mondiales dans les années à venir et traduit le rapport de cette année en chinois, en espagnol et en japonais.

Apprendre à se connaître par l’IA

Avec un domaine aussi rapide, il est tentant d’imaginer un avenir dans lequel l’intelligence artificielle prendra le dessus sur toute l’humanité. Mais ce n’est que de la science-fiction, assure Yoav Shoham.

Au lieu de cela, nous verrons probablement plus de technologies « intelligentes » – semblables aux systèmes GPS ou aux machines à laver programmables – et de processus devenir automatisés, comme ce que nous avons vu avec les voitures auto-portées.

Selon Yoav Shoham, ces changements auront probablement des répercussions sur le marché du travail. L’automatisation des processus fastidieux peut remplacer les cols blancs dans certaines professions, de la même façon que les progrès réalisés pendant la révolution industrielle ont remplacé de nombreux cols bleus.

« Historiquement, cependant, la technologie a toujours été un créateur net d’emplois. Cela ne fait que changer la nature des emplois « , précise Yoav Shoham.

Étant donné la rapidité avec laquelle le domaine de l’IA évolue, il est difficile de prédire à quoi ressembleront ces emplois – ou notre vie quotidienne – dans l’avenir. Mais, pour Yoav Shoham, l’excitation au sujet de l’intelligence artificielle réside non seulement dans ce qu’elle peut faire, mais aussi dans ce qu’elle ne peut pas.  

« Il ne s’agit pas seulement d’imiter le cerveau humain dans le silicium, mais de se demander quels traits de caractère sont si innément humains que nous ne pensons pas pouvoir les imiter sur un ordinateur « , dit Yoav Shoham. « Notre créativité, notre équité, nos émotions, tout ce que nous tenons pour acquis – les machines ne peuvent même pas s’approcher. » 

https://techxplore.com/news/2018-12-survey-trends-artificial-intelligence-advances.html

http://cdn.aiindex.org/2018/AI%20Index%202018%20Annual%20Report.pdf