Un signe des temps : L’Australie s’oriente vers des déclarations statutaires numériques
Un signe des temps : L’Australie s’oriente vers des déclarations statutaires numériques

Le gouvernement fédéral acceptera les signatures électroniques et les témoignages par liaison vidéo à partir de l’année prochaine.
Les jours où l’on signait sur la ligne pointillée sont peut-être comptés. Le gouvernement fédéral australien a annoncé qu’il faisait entrer les déclarations solennelles dans l’ère numérique et qu’il accepterait les signatures électroniques et les témoignages par liaison vidéo à partir de l’année prochaine.
Cette mesure rend permanent un changement introduit pendant la pandémie, lorsque la présence d’un juge de paix pour une déclaration solennelle – une pratique qui remonte au 19e siècle – était interdite en raison des restrictions imposées par l’enfermement.
La législation introduite cette semaine permettra également aux personnes d’exécuter numériquement une déclaration solennelle en utilisant la plateforme en ligne myGov et la carte d’identité numérique myGovID. Ce projet de loi vise à suivre l’évolution des habitudes des Australiens.
Ce projet de loi répondra à la manière dont les Australiens veulent et s’attendent à s’engager et à communiquer numériquement avec le gouvernement en fournissant des options pour faire des déclarations statutaires du Commonwealth facilitées par la technologie. Ce projet de loi est une étape importante dans la numérisation des services gouvernementaux.
Alors que la signature à l’encre est utilisée depuis des centaines d’années pour enregistrer l’accord ou le consentement d’une personne ou pour vérifier son identité, sa numérisation en ferait une relique du passé.
Meryl Kane est juge de paix à la bibliothèque de Chatswood, sur la rive nord de Sydney, et elle pense que la numérisation pourrait entraîner la perte de quelque chose de fondamental et de tangible.
« Je pense qu’une signature aura toujours un certain pouvoir, mais nous sommes peut-être en train de perdre quelque chose », dit-elle.
« Il y a toujours un aspect viscéral associé à la signature sur une ligne pointillée, qui n’existe pas lorsqu’on appuie sur un bouton.
Mme Kane doute que la numérisation de la signature sonne le glas de la signature traditionnelle, surtout si l’on considère à quel point l’organisation d’une identité numérique peut s’avérer ardue.
« « En particulier pour les générations plus âgées ou pour les personnes dont l’anglais n’est pas la première langue, le processus d’obtention d’une identification numérique est en fait assez long et je doute que beaucoup de gens le fassent avant d’en éprouver le besoin.«
Dans son annonce, le gouvernement affirme que cette mesure pourrait permettre d’économiser plus de 156 millions de dollars australiens par an, de gagner des centaines de milliers d’heures et d’améliorer la productivité du secteur privé.
On estime que les Australiens passent 9 millions d’heures par an à exécuter et à traiter plus de 3,8 millions de déclarations statutaires, et l’on espère que ces mesures faciliteront le processus.
Mais le président de l’association des juges de Nouvelle-Galles du Sud, John Brodie, n’est pas non plus convaincu, car il estime que la mesure ne répond pas aux problèmes de sécurité.
M. Brodie estime que la numérisation pourrait « diminuer » l’authenticité et l’importance de documents tels que les déclarations statutaires et les déclarations sous serment en ouvrant la porte aux pirates informatiques et aux escrocs. Il remet également en question la promesse du gouvernement de mettre en œuvre ses dispositions en matière de fraude et de sécurité.
« Les progrès sont considérables, mais nous savons tous que tout ce qui est électronique est suspect d’escroquerie et que ceux qui le veulent peuvent y avoir accès », déclare M. Brodie. « L’acceptation d’une carte d’identité comme document légal n’est pas quelque chose que nous voulons changer. Et tout ce qui est moderne ou super moderne et qui pourrait porter atteinte à l’intégrité de ce document ne devrait même pas être envisagé ».
Selon M. Brodie, le témoignage par liaison vidéo n’offre pas suffisamment de sécurité pour garantir qu’une personne n’est pas contrainte de signer quoi que ce soit.
« Cela permet d’affaiblir la déclaration solennelle et de contraindre quelqu’un ; ces mesures ne sont pas suffisamment sécurisées, en particulier pour les personnes vulnérables.