Un commutateur « maître » pour la programmation des cellules de l’oreille offre un nouvel espoir pour la perte auditive
Un commutateur « maître » pour la programmation des cellules de l’oreille offre un nouvel espoir pour la perte auditive

L’identification d’un gène responsable de la différenciation des cellules ciliées de l’oreille pourrait déboucher sur des traitements de la perte auditive.
Des scientifiques qui étudient les mécanismes à l’origine de la surdité ont identifié un gène unique qu’ils décrivent comme une sorte de commutateur principal pour la différenciation cellulaire, ouvrant ainsi de nouvelles possibilités passionnantes pour la restauration de l’audition. Cette découverte est censée « surmonter un obstacle majeur » dans ce domaine et jette les bases de thérapies qui s’attaquent à une cause courante de perte auditive irréversible.
L’étude se concentre sur les cellules ciliées de l’oreille, des cellules sensorielles qui tapissent l’oreille interne et sont fondamentales pour notre sens de l’audition. La mort de ces cellules due au vieillissement et à des stress tels que le bruit excessif entraîne une détérioration irréversible de l’audition. C’est pourquoi ces cellules ciliées sont au centre des préoccupations des scientifiques qui cherchent des formes de traitements régénératifs.
En 2020, nous avons assisté à une avancée intéressante dans ce domaine, les scientifiques ayant trouvé une protéine unique qui peut déterminer si les cellules ciliées embryonnaires se développent de manière saine ou se transforment en autre chose. L’espoir est que ces connaissances puissent conduire à des traitements permettant de régénérer les cellules ciliées vitales et de restaurer l’audition, et cette nouvelle étude suit une ligne de pensée similaire.
La recherche porte en fait sur les différents rôles que jouent les cellules ciliées internes et externes dans l’audition, et sur le gène qui dicte la création de l’une plutôt que de l’autre. Les cellules ciliées externes se développent dans l’embryon et ne se reproduisent pas. Dans l’oreille, elles se dilatent et se contractent lorsqu’elles rencontrent des ondes sonores, amplifiant le son pour les cellules ciliées internes qui transmettent les vibrations aux neurones pour créer ce que nous interprétons comme un son.
« C’est comme un ballet », explique l’auteur principal, Jaime García-Añoveros, de la Northwestern University. « Les externes s’accroupissent et sautent et soulèvent les internes plus loin dans l’oreille. L’oreille est un organe magnifique. Il n’existe aucun autre organe chez un mammifère où les cellules sont positionnées avec autant de précision. Sinon, l’audition ne se produit pas. »
Grâce à des expériences sur des souris, les scientifiques ont mis le doigt sur ce qu’ils décrivent comme un régulateur principal de la différenciation des cellules ciliées internes et externes. Appelé TBX2, l’équipe a découvert que lorsque le gène était exprimé, les cellules ciliées de l’oreille devenaient des cellules ciliées internes, et que lorsque le gène était bloqué, elles devenaient des cellules ciliées de la variété externe.
« Notre découverte nous donne le premier commutateur cellulaire clair permettant de fabriquer un type de cellules par rapport à l’autre », a déclaré Jaime García-Añoveros. « Elle fournira un outil jusqu’alors indisponible pour fabriquer une cellule ciliée interne ou externe. Nous avons surmonté un obstacle majeur ».
Les scientifiques ont déjà démontré leur capacité à générer des cellules ciliées artificielles, mais pas à les différencier en cellules internes ou externes. Pour actionner l’interrupteur mis en évidence dans cette recherche, les scientifiques devraient trouver un cocktail de gènes permettant de reprogrammer d’autres cellules, les cellules de soutien structurel en treillis dans les cellules ciliées de l’oreille figurant parmi les principaux candidats.
« Nous pouvons maintenant comprendre comment produire spécifiquement des cellules ciliées internes ou externes et identifier pourquoi ces dernières sont plus enclines à mourir et à causer la surdité », conclut Jaime García-Añoveros.
https://www.nature.com/articles/s41586-022-04668-3
https://news.feinberg.northwestern.edu/2022/05/new-tool-to-create-hearing-cells-lost-in-aging/