Des scientifiques ont fabriqué une nouvelle forme de vaisseau sanguin qui prend les caractéristiques des vaisseaux naturels une fois dans le corps.
Les dommages causés aux vaisseaux sanguins, qui les bloquent ou les entravent, ne laissent pas d’autre choix que le remplacement chirurgical. Traditionnellement, il s’agit de vaisseaux provenant d’un donneur ou prélevés ailleurs dans le corps du patient, mais depuis peu, on constate que les solutions de remplacement cultivées en laboratoire peuvent avoir un rôle à jouer. Les scientifiques revendiquent une nouvelle avancée dans ce domaine avec un nouveau matériau qui imite mieux la structure des vaisseaux sanguins vivants, ce qui leur permet de se développer avec le corps une fois en place.
Au cours de la dernière décennie, de nombreux progrès passionnants ont été réalisés dans les efforts visant à faire croître des vaisseaux sanguins humains en laboratoire. Les chercheurs ont fait progresser la technologie pour améliorer leur fonction et leur sécurité, et ont fait de ces vaisseaux cultivés en laboratoire des outils prometteurs pour l’étude de maladies telles que le diabète et le cancer.
Selon l’équipe à l’origine de ces nouveaux vaisseaux sanguins manufacturés, leur création marque une nouvelle étape dans la mesure où ils sont les premiers à ressembler aussi étroitement à leurs homologues naturels. Les vaisseaux sanguins normaux comportent des anneaux de protéines appelées élastines qui leur permettent de s’étirer lorsque le sang les traverse. Les scientifiques ont reproduit cet attribut en utilisant deux matériaux biocompatibles qui ont été façonnés en un tube manufacturé.
« Ces vaisseaux synthétiques sont élégants car ils sont fabriqués à partir de deux matériaux naturels bien tolérés par l’organisme », a déclaré l’auteur principal, le Dr Ziyu Wang, de l’université de Sydney en Australie. « La tropoélastine (l’élément constitutif naturel de l’élastine) est emballée dans une gaine élastique qui se dissipe progressivement et favorise la formation d’imitations naturelles et hautement organisées de vaisseaux sanguins fonctionnels. »
Le vaisseau sanguin fabriqué peut également être conservé en toute sécurité dans du plastique stérile jusqu’au moment de la transplantation. Lors de tests précliniques, l’équipe a implanté les tubes chez des souris et a constaté qu’ils étaient bien tolérés. Mais ce qui est plus prometteur, c’est que le tube a commencé à développer de nouvelles cellules et de nouveaux tissus aux bons endroits, se transformant au fil du temps d’un vaisseau sanguin fabriqué en un vaisseau vivant.
« La nature transforme ce tube manufacturé en un tube qui ressemble, se comporte et fonctionne comme un véritable vaisseau sanguin », a déclaré l’auteur principal, le professeur Anthony Weiss. « La capacité de cette technologie à recréer la structure complexe des tissus biologiques montre qu’elle a le potentiel non seulement de fabriquer des vaisseaux sanguins pour faciliter la chirurgie, mais aussi de préparer le terrain pour la création future d’autres tissus synthétiques tels que des valves cardiaques. »
Grâce à cette capacité à évoluer au même rythme que le corps, les scientifiques sont optimistes quant au potentiel de leurs vaisseaux sanguins artificiels. Il y a encore du travail à faire avant qu’ils n’entrent en phase clinique, de nombreuses questions restant à résoudre quant à leur comportement dans le corps humain, mais à terme, l’équipe les voit jouer un rôle précieux dans le traitement des jeunes en particulier.
« Actuellement, lorsque les enfants souffrent d’un vaisseau anormal, les chirurgiens n’ont pas d’autre choix que d’utiliser des vaisseaux synthétiques qui fonctionnent bien pendant une courte période, mais les enfants ont inévitablement besoin d’opérations supplémentaires au fur et à mesure qu’ils grandissent », a déclaré le Dr Christopher Breuer, co-auteur. « Cette nouvelle technologie fournit une base passionnante pour les vaisseaux sanguins fabriqués qui continueront à croître et à se développer au fil du temps. »
